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pole, ne peut-on pas les sommer de répondre, s’ils auraient été capables de conserver ces mêmes terres, sans les secours que la mère-patrie n’a cessé de leur prodiguer ? Ne fut-ce pas pour protéger les provinces américaines que la Grande-Bretagne s’engagea dans la dernière guerre, qui la jetta dans des dépenses ruineuses ? Ces mêmes provinces unies, qui ôsent aujourd’hui défier la puissance de ce royaume, ne se souviennent-elles plus d’avoir imploré ses secours et sa protection contre une seule colonie, qui leur avait inspiré une terreur panique ? Ont-elles donc perdu le souvenir de leurs humiliations ? Ne fut-ce pas la Grande-Bretagne qui arrêta le cours de leurs disgrâces, et qui, en expulsant leurs ennemis du continent de l’Amérique, ne les délivra pas seulement du danger, mais même de la crainte du danger ? La métropole ne prodigua-t-elle pas ses trésors pour équipper des flottes et lever des armées, qu’elle fit passer dans le Nouveau-Monde, et ne porta-t-elle pas la générosité de ses secours jusqu’à soudoyer leurs propres milices, pour tirer de l’oppression ces colonies maintenant si fières ? N’est-ce pas la mère-patrie qui a uniformément protégé toutes ces provinces américaines ; qui a encouragé leur culture par des gratifications, pendant la paix ; qui les a reconciliées avec leurs voisins, qu’elles avaient aigris par leurs violences, jusqu’à s’en faire les ennemis les plus redoutables ? La métropole devrait avoir les plus vifs regrets des conditions qu’elle a stipulées pour la sûreté des provinces américaines. Si la Grande-Bretagne, après avoir conquis le Canada sur la France, le lui eût restitué, nos superbes Américains seraient encore de fidèles sujets ; leur crainte leur tiendrait lieu d’affection pour la mère-patrie. Le besoin continuel qu’ils auraient de ses secours les forcerait à parler avec plus de modération de leurs propres