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son, avaient néanmoins, en donnant lieu à la publication d’un nombre d’articles de gazettes et de brochures, inspiré le goût, ou mis dans la nécessité d’étudier, plus qu’on n’avait fait jusqu’alors, le droit canonique.

Les imprimeries s’étaient multipliées, particulièrement pour l’impression de feuilles politiques, et plus dans la province supérieure que dans l’inférieure ; mais non toujours pour le véritable avantage du public, ou le bien de la société : car, si « la liberté de la presse, retenue dans les bornes légales, est le plus noble flambeau de la civilisation », elle devient le fléau de la société civilisée, quand, tombée en des mains ineptes ou puériles[1], ou sous la direction d’hommes dépourvus de principes fixes, en morale comme en politique, elle dégénère en licence : alors elle trouble plus qu’inutilement l’ordre social, fomente les querelles publiques ou domestiques ; crée la dissention et le mécontentement là où régnaient la paix et le bonheur ; fait naître des sentimens hostiles, donne lieu aux altercations bruyantes, en partageant les citoyens d’une même ville, les habitans d’un même village, en coteries, ou petites factions ennemies implacables les unes des autres.

Par la presse licencieuse, ou par la licence de la presse, les autorités constituées sont vexées, et par là même quelquefois détournées de la route ordinaire du bien et de l’intérêt public ; par elle des particuliers peuvent être exaspérés, et portés à des excès auxquels ils ne se livreraient pas de sens rassis ; par elle, des maximes fausses et pernicieuses sont introduites dans la politique et dans la société ; par elle la passion fait taire la raison ; par elle il arrive que les idées et les

  1. Il n’y a qu’au Canada, croyons-nous, où des jeunes gens, à peine sortis de l’adolescence, aient entrepris de rédiger des journaux politiques, avec la prétention de diriger l’opinion publique.