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tiques, car alors toutes les voix leur étaient acquises d’avance, à l’exception de trois ou quatre.

En parlant des orateurs qui se distinguèrent dans cette session, nous ne devons pas omettre M. Andrew Stuart : il parla, depuis le premier jusqu’au dernier jour, mais toujours inutilement, avec une éloquence raisonnée, qui dut rehausser encore l’idée qu’on avait, dans le public, de sa bonne logique, de son bon-sens politique, et de ses talens oratoires. M. Young égala quelquefois M. Stuart, par l’érudition, et par la force de l’argumentation.

À l’esprit de parti vint se joindre, comme auxiliaire, un esprit qui avait pris la figure, ou le costume de l’esprit de vengeance, et qui, sous ce costume phantastique, ou ce masque, put faire tout ce qu’aurait fait le personnage réel. Le premier et le plus illustre objet de ses exploits fut un membre même de l’assemblée : ce membre avait agi, consciencieusement probablement, parlé indiscrètement, ou légèrement, peut-être ; et l’on attribuait à son action, ou à sa parole, l’omission des noms de quatre membres de la chambre sur la liste des juges de paix pour le district de Québec. Le détail de tout ce qu’alors ce phantôme passager se permit de faire, sur sa propre responsabilité, sans se croire responsable à personne, et sans s’astreindre aux formes ordinaires et gênantes de la justice enquêteuse, ou distributive[1], pourrait

  1. « Nous aurions été d’avis de ne pas condamner ce monsieur sans l’entendre, puisqu’il demandait à être entendu ; et il paraît que c’était l’opinion de quelques uns au moins des membres influents de la chambre. » — Le Spectateur Canadien, 21 février.

    Admettons que la preuve est beaucoup plus parfaite qu’elle ne l’est réellement : n’aurait-on pas dû permettre à M. Christie d’interroger les témoins, à la barre de cette chambre, à la face du public, comme il l’avait demandé ? Il n’y a que le tribunal de l’inquisition où un homme puisse être condamné sans qu’il lui soit permis de se justifier ; et s’il y a un tribunal qui doive, plus que