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nières raisons de deux ennemis qui se reconcilient, après une longue et bruyante querelle. »

Pourtant, quoique la violence éclatât moins au dehors, il restait au-dedans « un levain d’animosité » : le rapport du comité du Canada ne pouvait pas avoir donné une satisfaction complète à ceux des deux partis extrêmes, de l’extrême droite et de l’extrême gauche, comme on dirait en France ; qui « s’étaient attendus à de grands changemens » en leur faveur ; le mal fait par l’agitation n’était pas, à beaucoup près, compensé par le bien en perspective ; la longue expérience du passé ne donnait pas lieu à une parfaite confiance dans l’avenir : enfin, l’on était dans un état qui tenait le milieu entre le bien-être et le mal-être, lorsque le parlement fut ouvert, le 21 novembre. Le même jour, « il plut à son Excellence d’approuver le choix qu’avait fait la chambre, de la personne de M. Papineau, que le comte de Dalhousie avait désapprouvé[1] », et de dire, entre autres choses, dans sa harangue :

  1. « Le président du conseil législatif, prenant la parole et s’adressant aux membres présents, leur a dit : « J’ai ordre de son Excellence de vous informer qu’il ne juge pas à propos de déclarer les motifs pour lesquels il a convoqué ce parlement provincial jusqu’à ce qu’il y ait un orateur de l’assemblée dûment élu et approuvé ; et il m’est en outre ordonné de m’informer si vous avez procédé à l’élection d’un orateur, et si vous l’avez fait, sur qui votre choix est tombé. » — À cela M. Papineau a répondu :

    « Qu’il plaise à votre Excellence :

    « En obéissance aux ordres de sa Majesté, la chambre d’assemblée a procédé à l’élection d’un orateur, et je suis la personne sur laquelle son choix est tombé. Je prie respectueusement qu’il plaise à votre Excellence de donner votre sanction à son choix. » — Sur quoi, le président du conseil législatif, s’adressant à M. Papineau, lui a dit : « M. Papineau, son Excellence m’ordonne de vous informer qu’Elle approuve le choix que l’assemblée a fait de vous pour être son orateur, et se reposant sur votre loyauté, vos talens et votre discrétion, Elle sanctionne et confirme votre élection. » — M. Papineau a fait alors lecture de la réclamation d’usage aux priviléges de l’assemblée, à quoi l’assentiment de son Excellence a été donné dans la forme ordinaire. »