Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 2, 1844.djvu/360

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

votre absence, s’apperçoive moins de l’éloignement de son pays natal et de ses nobles amis. »

Cette adresse exprime de beaux sentimens, une belle sympathie, de la générosité et de la magnanimité : la cause de M. Willis aurait pu n’être pas encore désespérée ; mais les niveleurs la rendirent telle, en injuriant grossièrement, à son occasion, tout ce qui était, ou se croyait respectable dans le Haut-Canada[1]. La destitution du juge Willis fut confirmée en Angleterre.

Après le départ de M. Willis, l’agitation ne discontinua pas : on s’assembla bruyamment, on rédigea, à la hâte, une très longue requête, où « l’on importunait très instamment sa Majesté pour qu’il lui plût gracieusement de rendre M. le juge Willis à la situation à laquelle il lui avait plu de l’appeller » : on adopta une longue série de résolutions, par lesquelles il paraît que les griefs d’York étaient à peu près les mêmes que ceux de Québec, et que l’on y avait la même franchise, car on résolvait, en dix-neuvième lieu, « Que de peur qu’il soit imaginé par son Excellence, le lieutenant-gouverneur, ou par la présente administration provinciale, qu’il y ait quelque dessein d’agir autrement que de la

  1. Par exemple : « Les messieurs suivants, nous dit-on, décidèrent dans le conseil, que M. Willis n’était point propre à remplir la situation de juge dans cette colonie : — J. B. Robinson, ci-devant un petit… à York, ensuite procureur-général, par la protection du juge en chef Powell, sous une certaine attente bien connue au public ici, aussi bien que la manière dont il s’est acquitté envers M. Powell : son frère, l’honorable Peter Robinson, ci-devant trafiqueur en peaux de rats-musqués, &c. à Newmarket, homme qui se connaît en loi à peu près aussi bien que la fameuse oie de l’adjudant Dungan, qui a sauté la chûte de Niagara, le 8 septembre dernier, dans la goëlette Michigan : l’honorable J. Baby, honnête et bon homme, et de la même capacité et connaissance légale : Macaulay, qui avoue lui-même, qu’il est bien inférieur, comme avocat, à Henry Boulton, et nous avons souvent rencontré des clercs de procureurs plus instruits que ce dernier : M. Markland, étudiant en loi, &c. » — Francis Collins, dans son Freeman, Indépendant, sans gêne, et libre en ses paroles.