Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 2, 1844.djvu/322

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

piers. » Ce comité fit sommer le colonel Coffin, adjudant-général, et le colonel Givens, agissant comme chef du département sauvage, de paraître devant lui comme témoins. Étant chefs de départemens, ces officiers ne crurent pas devoir obéir à la sommation sans en avoir obtenu la permission du lieutenant-gouverneur ; et le secrétaire privé de son Excellence leur écrivit :

« Ayant soumis au lieutenant-gouverneur l’ordre que vous avez reçu de paraître devant le comité de la chambre d’assemblée, &c.,… son Excellence m’enjoint de vous dire, Qu’elle ne peut pas accorder la permission que vous demandez, ne connaissant point les sujets de plainte, ni sur quels faits on se propose de vous interroger. »

Ne voyant point paraître les deux colonels, la chambre ordonna à son sergent d’armes de les aller prendre et de les amener à sa barre. Le sergent d’armes les trouva barricadés, et disposés à lui résister, et vint faire rapport. L’orateur ne sachant qu’ordonner, les sieurs Rolph, Matthews, Fothergill, Lafferty, conseillèrent violemment la violence : le sergent d’armes eut ordre de prendre et amener de force les deux officiers, et « à l’aide de quelques Irlandais », et avec « une hache, il fit voler les contrevens comme la paille au vent ». Amenés à la barre de l’assemblée, les deux colonels montrèrent l’ordre, ou plutôt l’inibition du lieutenant-gouverneur ; ce qui n’empêcha pas la chambre de les condamner à être enfermés dans la prison commune, durant le reste de la session. Tous ces procédés furent accompagnés de réflexions, de railleries et de quolibets comme on en dut entendre dans les clubs de Paris, à l’époque de 1793[1].

  1. Vainement M. M’Lean, secondé par M. Coleman, avait-il proposé de résoudre, « Qu’il paraissait que les officiers sous la