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20o. Inspiré, dans toute la province, un sentiment insurmontable du méfiance, de soupçon et de dégoût contre son administration, &c.[1]


On conçoit que des accusations de cette nature n’étaient pas faites pour être rendues publiques par l’impression. Un grand nombre de Canadiens notables, qui avaient agi avec zèle contre le projet d’union, en 1822, refusèrent de signer la requête qui les contenait[2] ; et il est plus que probable que les dix-neuf vingtièmes de ceux qui la signèrent ne la lurent point ni ne l’entendirent lire. Elle trouva des approbateurs dans le district des Trois-Rivières, où les esprits n’avaient pas été moins montés qu’à Mont-réal, mais le comté de Warwick (Berthier) la jugea trop violente, et se joignit au district de Québec, dont la requête contenait une longue liste de griefs ou d’abus, vrais ou fictifs, mais n’accusait pas directement lord Dalhousie comme en étant l’auteur. Cette dernière requête, dont il avait été donné communication au gouverneur, fut confiée à M. Neilson, et celle de Mont-réal à MM. Viger et Cuvillier. On était parvenu

  1. C’étaient-là, en particulier, ce dont les accusateurs étaient accusés.
  2. Ils avaient grand tort, suivant certains politiques du temps, si c’était par scrupule ou par timidité : « Les amis du pays ne devaient point s’alarmer ; les accusations portées contre l’administration étaient toutes bien fondées, et très faciles à prouver ; des gouverneurs avaient été rappellés pour des fautes moins grandes que celles du comte Dalhousie ; que feraient les adresses approbatrices de quelques milliers de personnes contre les accusations de tout un pays aussi peuplé que l’était le Bas-Canada ? Le point serait facile à décider ; pour faire condamner l’administration, il suffirait d’en exposer les actes, de produire les journaux de la législature (particulièrement, sans doute, le rapport concernant Sir Francis Burton et la dernière détermination au sujet des subsides). Ce qui nous devait servir le plus était « le discours de prorogation du 7 mars 1827, (avec le commentaire du Spectator, bien entendu), la cassation subséquente et la prorogation de novembre. — On rapportait que son Excellence avait reçu des dépêches, qui n’avaient pu être tenues secrètes, par lesquelles son rappel lui était annoncé ». — Voir le Spectateur Canadien du 2 février 1828.