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« le choix de la personne de M. Papineau était fait depuis longtems, et la chambre ne craindrait point d’annoncer son choix au gouverneur[1] ; mais les gazettes favorables à l’administration disaient que « si M. Papineau était élu orateur, le gouverneur refuserait d’approuver son élection ». La philippique de 1824 était déjà ancienne, et probablement oubliée ; mais le manifeste, comme on l’appellait, qui, suivant le Spectator, « avait rendu M. Papineau cher à son pays », était récent, et plus récents encore étaient, et son discours, (considérablement amplifié pour l’impression,) « aux Électeurs du Quartier-Ouest de Mont-réal », décrié comme un « tissu d’absurdités et une œuvre d’iniquité », par la plupart des journalistes anglais, et ses remercîmens aux mêmes électeurs, et à ceux du comté de Surrey[2]. Mais si le gouverneur n’approuvait pas M.

  1. Le journaliste, ou son correspondant, ajoutait : « Si le gouverneur irrité cassait le parlement, il se perdrait pour toujours dans l’esprit des habitans de cette colonie, se couvrirait d’infamie, et s’exposerait à être rappellé en Angleterre », ” &c.
  2. Dans ses remercîmens, tout pleins d’invectives contre le ministère britannique et l’administration coloniale, M. Papineau avait donné de sa popularité une idée si grande, et fait à ceux qui avaient voté ou agi pour lui, et particulièrement aux Irlandais, un mérite si éminent, que le conseil exécutif, quoique moins ombrageux qu’autrefois, avait pu en prendre de l’ombrage, et le gouverneur « se livrer à des craintes puériles, et oublier sa dignité ».

    Il dit, entre autres choses « aux Électeurs du Comté de Surrey » : « Ce ne sera pas par un méprisable mouvement de vanité, mais pour prouver, que du moins dans les localités où l’administration n’a pas une influence achetée, il ne lui sera pas facile de déplacer les mandataires du peuple qui l’auront servi avec fidélité, que j’ajouterai que, dans plusieurs comtés, des personnes maintenant réélues ont offert de se retirer, et avec leurs amis influents désiré m’y faire élire » : — et « aux Électeurs du Quartier-Ouest de Mont-réal » : « La grande majorité de nos concitoyens Irlandais ont montré, dans cette élection, un honorable esprit d’indépendance, d’attachement aux principes constitutionnels, &c… ils ont porté dans l’exercice de leurs franchises électorales une énergie amie de l’ordre, &c. ;… les mêmes sentimens de justice ont rallié à la cause du pays un certain nombre de nos co-sujets d’autres origines », &c.