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l’autorisation préalable de la législature. Puis, venant à la faillite du receveur-général, &c., M. Papineau prit du tout l’occasion de faire le discours le plus virulent, peut-être, qui eût encore été prononcé dans l’enceinte de l’assemblée, depuis qu’elle était en existence ; une philippique, principalement dirigée contre le gouverneur en chef, ressemblant à celles de Démosthène contre Philippe de Macédoine, ou de Cicéron contre Marc-Antoine, et dont la péroraison, ou la conclusion, fut la proposition de refuser les subsides.

L’orateur, M. Vallières de Saint-Réal, s’éleva énergiquement, éloquemment et avec succès, contre une proposition si peu attendue, si extraordinaire, et si imprudente, dans les circonstances où l’on était, et après le péril auquel on venait d’échapper. « Hoc Ithasus velit et magno mercentur Atridæ », s’écria M. Vallières, au milieu de son discours ; et jamais pareille citation n’aurait pu être faite plus opportunément. En effet, en agir comme le voulait M. Papineau ç’aurait été donner le droit aux adversaires de la chambre d’assemblée ; mettre le gouvernement de la colonie dans la nécessité de faire à celui de la métropole des représentations accusatrices ; indisposer grandement ce dernier, et probablement le faire revenir irrévocablement à la mesure de l’Union, comme au seul moyen de conserver et de gouverner le Canada. Il pouvait y avoir quelque chose de fondé dans les inculpations de M. Papineau ; on pouvait, par exemple, reprocher à lord Dalhousie d’avoir une confiance trop implicite dans la capacité et l’intégrité des fonctionnaires publics nommés par la couronne, et peut-être, de n’avoir pas perdu assez tôt cette confiance à l’égard de M. Caldwell ; mais pour remédier à un mal présent, il ne fallait pas encourir un mal futur infiniment plus grand, en oubliant la maxime