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suspendre de leurs fonctions les juges en chef, jusqu’à ce que le plaisir de son Altesse royale fût connu.

Le gouverneur répondit qu’il transmettrait la requête, mais qu’il ne pouvait prendre sur lui de suspendre les juges en chef, en conséquence de l’adresse d’une seule branche de la législature, fondée sur des accusations au sujet desquelles le conseil législatif n’avait pas été consulté, et auxquelles il n’avait pas concouru. Sir George Prévost aurait pu ne pas motiver son refus, ou dû, peut-être, en trouver d’autres raisons : aussi l’assemblée résolut-elle, « Que son Excellence, le gouverneur-géneral, par sa réponse à l’adresse de la chambre d’assemblée, avait violé les droits et priviléges de cette chambre ».

Cette violente censure était indubitablement le fruit de l’irritation du moment : la chambre crut la rendre moins poignante, en résolvant, quelques jours après, « Que nonobstant l’avis méchant et pervers donné au gouverneur, au sujet des droits et priviléges de cette chambre, et les efforts de conseillers mal-intentionnés, pour l’induire en erreur, et pour le mettre en mésintelligence avec les fidèles communes de cette province, la chambre n’avait, en aucune manière, perdu l’opinion qu’elle avait toujours eue de la sagesse de l’administration de son Excellence » ; &c.

La législature fut prorogée le 17 mars. Dans le cours du même mois, il arriva à Québec une députation de chefs Outaouais, Chippéouais, Sakis, Outagamis, Kikapous, Ouinébagos, et autres. Dans l’audience que leur donna le gouverneur, au château Saint-Louis, ils se plaignirent des Américains, comme étant des hommes qui n’avaient ni cœur ni pitié pour eux ; qui les dépouillaient petit à petit de leurs terres, et voulaient les chasser au-delà du soleil couchant. Sir George Prévost les