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Christie, d’être restés tranquilles spectateurs de telles atrocités, que par la crainte d’éprouver un sort semblable, s’ils intervenaient pour soustraire à la vengeance barbare des Sauvages leurs malheureuses victimes ».

En apprenant l’exploit du colonel Proctor, la chambre d’assemblée crut que « son habileté, son intrépidité, et l’humanité exemplaire qu’il avait montrée, au moment de la victoire », méritait de sa part un vote de remerciment[1].

On fit, durant l’hiver, de grands efforts pour la campagne prochaine : les bataillons de la milice incorporée, les Fencibles, les Glengary, les Voltigeurs, furent recrutés avec diligence et succès. Le 104ème régiment, parti de Frederickton, capitale du Nouveau-Brunswick, traversa, dans cette saison rigoureuse, pour se rendre dans le Haut-Canada, un espace désert et inhabité, où jamais troupes n’étaient passées.

Le commencement de la campagne de 1813 fut favorable aux Américains : dans le mois d’avril, ils battirent le général Sheaffe, à York (ci-devant Toronto[2]), et le brigadier Vincent, au fort George, et se rendirent maîtres de ces places, ou plutôt de leurs ruines. Une expédition partie de Kingston, à la fin de mai, pour atta-

  1. La mention d’humanité aurait pu être regardée comme une sarcastique ironie, de la part de l’assemblée, si elle n’avait pas ignoré alors ce qui s’était passé. M. Beltrami, écrivain exagérateur, dit du colonel Proctor, devenu brigadier, « qu’il voyait avec une froide indifférence, fumer, à chaque instant, du sang américain, le tomahawk et le couteau des Sauvages ».
  2. « Pourquoi les Anglais veulent-ils imposer de nouveaux noms aux bourgs sauvages ? Au lieu de conserver le nom sonore et si fumeux de Niagara, ils ont voulu appeller cette ville Lennox, Nassau, Newark : le nom sauvage a toujours prévalu. Comment ne pas préférer Niagara, Cataraqui et Toronto à Newark, Kingston et York ? D’un côté l’harmonie et la majesté : de l’autre, les sons les plus heurtés et les plus durs. » M. Dainville.