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Pour rendre efficace l’acte de milice, il fut accordé d’abord au gouvernement au-delà de £60,000. Cette libéralité donna au gouverneur une haute idée du zèle et de la loyauté de la législature et de la population, et la confiance de pouvoir repousser les premières tentatives d’envahissement. Par un ordre général du 28 mai, son Excellence organisa quatre bataillons de « milice d’élite et incorporée ». Le premier bataillon, sous le lieutenant-colonel Louis de Salaberry, fut d’abord stationné à la Pointe aux Trembles de Québec ; le second, sous le lieutenant-colonel J. B. M. Hertel de Rouville, à Laprairie ; le troisième, commandé par le lieutenant-colonel James Cuthbert, à Berthier ; et le quatrième, sous le lieutenant-colonel J. T. Taschereau, à Saint-Thomas. Outre les troupes de ligne, il y avait encore les Canadian Fencibles, enrôlés dans les deux provinces et ailleurs ; et le régiment de Glengary, levé en plus grande partie dans le Haut-Canada. Il fut aussi formé un régiment, ou corps, de Voltigeurs Canadiens, dont


    citoyens sont tous obligés de prendre les armes, et d’exposer leurs familles et leurs propriétés à la vengeance de l’ennemi. Les gouvernemens qui déclarent, ou qui se font déclarer la guerre, devraient, ce nous semble, compter sur autre chose que le dévouement des bourgeois et des paysans, qui, le plus souvent, ignorent d’où vient le différent, et de quel côté est le tort ou le bon droit. Depuis que les souverains d’Europe ont des armées régulières, des hommes engagés exprès pour le service militaire, on a vu les provinces menacées, envahies, conquises, sans que les simples citoyens s’y soient opposés, ou même aient été censés devoir s’y opposer. L’obligation générale de le faire serait plus dure encore pour une colonie, qui n’a aucun contrôle sur la conduite de sa métropole. Lors de la première guerre américaine, les Canadiens s’étaient prononcés contre le plan qu’adoptait leur législature ; mais avant l’octroi de la constitution, il avait été fait des lois qui les assujettissaient tous au service militaire ; et depuis, ils étaient devenus sujets ou citoyens britanniques. Quoiqu’il en soit, des marchands de Liverpool ayant demandé au secrétaire d’état pour les colonies, quel moyen on avait pris pour mettre leurs marchandises en sûreté, le ministre leur répondit tout simplement, qu’on avait armé, ou qu’on allait armer les Canadiens.