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de communiquer par terre, ou par eau, avec le Canada, et les autres provinces britanniques, donna lieu à un commerce interlope étendu, entre les marchands des états limitrophes et ceux de Mont-réal particulièrement, ainsi qu’à une grande affluence de citoyens américains. Ceux-ci ne furent pas plutôt en nombre dans le pays, qu’ils voulurent y agir en maîtres, ou du moins en contrôleurs et correcteurs des usages qu’ils y trouvaient établis. Ils établirent, à Mont-réal, une nouvelle gazette, sous le titre de Canadian Courant, et ils y remarquèrent « que les chemins étaient en mauvais état, qu’on ne trouvait pas dans les auberges tout ce qu’on aurait pu désirer ; que des moyens commodes de transport manquaient pour les marchandises qu’ils avaient à faire venir (en contrebande) des États-Unis » ; et puis, la langue française, les lois françaises, la tenure des terres, &c, « étaient pour ces messieurs de graves inconvéniens, comme faisant contraste avec ce qui existait dans leur pays », &c. ; « et, ajoute un écrivain anglais, ces discussions ne pouvaient pas manquer d’avoir de l’influence sur le nouveau gouverneur-général et sur son conseil exécutif » ; c’est-à-dire, de les prévenir contre les Canadiens.

Dans la session ouverte le 29 janvier 1808, l’assemblée adopta un projet de loi pour rendre les juges inhabiles à siéger et voter dans cette chambre. Ce procédé n’était pas inconstitutionnel, comme le prétendirent quelques écrivains passionnés ou prévenus ; mais exclure un membre de l’assemblée à cause de sa religion, et par un simple vote, c’était une mesure, non seulement inconstitutionnelle, mais encore impolitique, inconséquente, sentant des préjugés surannés, et un esprit d’intolérance qui n’était plus de l’époque, et qui ne devait pas se montrer en Canada ; et cependant, il fut arrêté, à