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contre elle ses premiers traits, crut qu’il lui était permis de la réprimer, d’autant plus que ce n’est pas un droit prévu par la constitution d’Angleterre, mais seulement une chose passée en usage. Il aurait été aisé de prévoir pourtant que cet usage prévaudrait, tôt ou tard, en Canada, et en sévissant contre les journalistes anglais, la chambre d’assemblée aurait dû savoir qu’elle augmentait plus qu’inutilement le nombre de ses ennemis, ou les animait davantage contre elle. En effet, dès que le parlement eut été prorogé, on vit paraître, dans le Mercury, des écrits multipliés contre la violence, l’inconséquence et l’inconstitutionalité des procédés de la chambre d’assemblée. Ce qui ne s’était dit que tout bas contre la langue, les lois, les usages, les préjugés des Canadiens, fut dit tout haut, publié et répandu dans toute la province.

Mais si l’attitude vindicative, prise par la chambre d’assemblée, donna lieu aux diatribes du Mercury, à leur tour, ces diatribes donnèrent naissance au journal intitulé, Le Canadien, établi pour y répondre, cette même année 1806, par ceux des membres de l’assemblée qui se croyaient plus particulièrement en butte aux traits du journaliste anglais[1] ; et c’est alors qu’on vit le journalisme prendre l’essor, et commencer à changer, jusqu’à un certain point, l’état moral et politique de la société canadienne.

Le chevalier James Henry Craig, nommé gouverneur, ou capitaine-général de l’Amérique britannique du Nord, arriva à Québec, le 21 octobre 1807.

Cependant, l’embargo mis par le gouvernement des États-Unis sur les vaisseaux de la nation, et la défense

  1. L’année suivante, fut établi le Courier de Québec, journal d’une politique, ou polémique, plus modérée, et un peu plus dans le genre littéraire.