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exprimaient, ou prétendaient exprimer les sentimens des Anglais du Canada, et donnaient par là à entendre, ou à conclure, que ces derniers avaient tendu un piége aux Canadiens en cherchant à se les associer, pour, avec leur aide, obtenir des avantages dont ils voulaient seuls profiter. Il faut remarquer pourtant qu’ils n’avaient pas réussi à en faire tomber un grand nombre dans le panneau.[1]

Le rapport fut de nouveau pris en considération, le 8 avril. Plusieurs des membres, entre autres, M. Hussey M. Fox, trouvant dans le bill des clauses d’une nature dangereuse ou censurable, demandèrent qu’il fût de nouveau référé. « Le bill », dit le dernier, en finissant son discours, « semble d’abord fondé sur des prinripes généraux de liberté, qui s’évanouissent, du moment que vous l’examinez en détail. Cette circonstance est d’autant plus dangereuse, que les habitans du Canada compareront sans cesse le systême limité et aristocratique proposé dans le présent bill, avec la constitution populaire des États-Unis. Nous devons, si nous voulons conserver longtems le Canada, prendre garde de ne pas donner à cette province l’occasion de faire une comparaison désavantageuse entre le gouvernement que nous allons y établir et celui des états voisins. Donnons donc aux Canadiens une assemblée populaire, non en apparence, mais en réalité.

Le 11 mai, le bill fut discuté longuement, en comité général. La discussion roula principalement sur la division du Canada en deux provinces distinctes, et sur les lois des deux provinces. H. Edmond Burke y

  1. « Un fait qui n’est pas généralement connu, mais qui n’en est pas moins réel, c’est que la masse de la population du Bas-Canada vit d’un mauvais œil, ou avec une parfaite indifférence, la constitution actuelle, lors de son introduction. » — Gazette de Québec, Janvier 1831.