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LOUANGE DE PARIS

O Paris ! ô couronne ! ô fleur !
J’ai quitté mon ciel et ma mère.
Ma mère et sa pâle douleur,
Mon ciel, le plus pur de la terre !

Et, depuis, si j’ai regretté
Et ma Provence et ma jeunesse,
Chaque fois, Paris, ta beauté
M’a séparé de ma tristesse !

Tes jardins m’ont souvent reçu
Sous leurs ombrages pacifiques
Et c’est en eux que j’ai conçu
Mes songes les plus magnifiques !

Tes bois, tes parcs m’ont révélé
La grandeur de l’âme française.
L’ordre par le rythme voilé,
La force qu’une grâce apaise !

Auprès des sables débarqués
Par des hommes aux chairs dorées.
J’ai goûté, le long de tes quais.
Des heures chaudes et sacrées !

Le soleil traçait des sillons
Et coulait, fleuve, dans un fleuve !
Notre-Dame, sous ses rayons,
Paraissait éternelle et neuve !

J’ai suivi des yeux tes brouillards
Oui brodaient leur fine dentelle
Ou couvraient de leurs étendards
Une céleste citadelle !

Ô couleurs ! ô roses ! ô jeux !
Crépuscules pleins de batailles !
Ô noirs triomphes orageux !
Forges ! Victoires ! Funérailles !