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EMILE DESPAX

1881-1915



Arrière petit-fils du médecin Jean Hameau qui, le premier, écrivit un Traité des Virus, nia la « génération spontanée » et fut le précurseur de Pasteur. Emile Despax est né à Dax (Landes), le 14 septembre 1881. Il a été tué à Moissy-sur-Aisne, le 17 janvier 1915, alors qu’il observait la tranchée ennemie. Sa vie tient en peu de lignes, son œuvre en peu de pages, mais quelles pages ! Emmené très jeune aux colonies, Emile Despax vit s’écouler son enfance aux îles Comores et à La Réunion. Rentré en France, il passa quelques années au lycée de Bordeaux, puis vint à Paris achever ses études au lycée Henri-IV. Il était encore collégien qu’il collaborait déjà au Mercure de France, à La Plume, à L’Ermitage et à la Renaissance latine. Une petite plaquette qu’il publia hors commerce, Au seuil de la lande, le fit, en 1902, alors qu’elle n’était encore qu’à l’état de manuscrit, candidat au prix Sully-Prudhomme. Classé premier, il se vit cependant refuser le prix, pour n’avoir pas observé rigoureusement dans ses poèmes la technique parnassienne. Quelque temps après, il publia un recueil de tous ses vers : La Maison des Glycines, auquel l’Académie française, plus libérale, en même temps que plus clairvoyante que le Comité du Prix Sully-Prudhomme, décerna en 1906 le Prix Archon-Despérouses. M. Emile Despax occupa longtemps les fonctions de secrétaire particulier du ministre des Colonies, et fut, par la suite, attaché au cabinet du gouverneur de l’Indo-Chine. Il était sous-préfet d’Oloron-Sainte-Marie (Basses-Pyrénées) lorsque la guerre éclata. On sait le reste.

Emile Despax offre vraiment l’image du poète dans sa jeunesse sensible et rêveur, tendre et mélancolique. Il est, en effet, peu de débutants chez qui l’on sente une aussi belle sincérité, et ce souci de n’exprimer que ce qui est bien soi, sans emprunts ni imitations. Ses poèmes sont faits de détails, de souvenirs, d’impressions et d’observations de la vie de chaque jour, dont un grand don d’harmonie a composé des ensembles pleins d’émotion. Il y a là beaucoup de vers qu’on peut relire, ce qui est souvent rare chez un jeune poète.

Bibliographie :

Les Œuvres. — Au Seuil de la Lande, poésies, couverture de Georges Bergès. Paris, éd. du Mercure de France, 1902, in-8, 120 ex. (Les vers de cette