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Voyez les malades sans feu,
Et les agneaux brouter la neige ;
Ayez pitié de tout, mon Dieu !

Moi, j’attends un peu de réveil,
Moi, j’attends que le sommeil passe,
Moi, j’attends un peu de soleil
Sur mes mains que la lune glace.

(Serres chaudes.)


DÉSIRS D’HIVER


Je pleure les lèvres fanées
Où les baisers ne sont pas nés,
Et les désirs abandonnés
Sous les tristesses moissonnées.

Toujours la pluie à l’horizon !
Toujours la neige sur les grèves !
Tandis qu’au seuil clos de mes rêves,
Des loups couchés sur le gazon,

Observent en mon âme lasse,
Les yeux ternis dans le passé,
Tout le sang autrefois versé
Des agneaux mourants sur la glace.

Seule la lune éclaire enfin
De sa tristesse monotone,
Où gèle l’herbe de l’automne,
Mes désirs malades de faim.

(Serres chaudes.)


RONDE D’ENNUI


Je chante les pâles ballades
Des baisers perdus sans retour !
Sur l’herbe éparse de l’amour
Je vois des noces de malades.