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henri barbusse


La lampe est douce et j’ai la fièvre ;
On n’entend que ta voix, la voix…
J’ai ton nom qui rit sur ma lèvre
Et ta caresse est dans mes doigts.

J’ai de la douceur de naguère ;
Ton pauvre cœur sanglote en moi ;
Et mi-rêvant, je ne sais guère
Si c’est moi qui t’écris, ou toi…

(Pleureuses. Fasquelle.)

COUTURIÈRE

Sur la pluie, un peu de jour…
Le soleil jaune et bleu verse
Un rayon perlé d’averse
Sur les maisons du faubourg.

Parmi l’atelier avare
Sombre et courbée elle coud,
Mais sent doucement sur tout
L’arc-en-ciel qui se prépare.

Quand il luit, illimité
Sur les maisons éblouies
Des doux rayons de la pluie,
À mi-voix elle a chanté.

Chanté l’étendue immense,
L’avenir vague et fleuri…
Ses yeux sur ses mains sourient.
Elle croit à sa romance,

Elle croit à la beauté,
Elle croit à l’harmonie,
Elle se sent infinie,
Les lèvres dans la clarté.

Et plus tard, grise et fidèle.
Murmurant les airs anciens,