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poètes d’aujourd’hui


Dans le coin silencieux
Naît la fleur crépusculaire…
La douceur du soir l’éclairé
Comme un sourire, des yeux.

Avec la foi qui persiste.
Avec son rêve humble et pur,
Timide aux heures d’azur,
Elle attendait l’heure triste.

Elle est bonne aux calmes jours,
Aux pauvres nuits sans paupières.
Bonne à toutes les prières
Puisqu’elle est seule toujours.

Dans la fuite coutumière
Des derniers rayons du jour,
Le silence vient autour
Pour écouter sa lumière.

Elle donne sans parler
Sa messe silencieuse ;
Mais la caresse pieuse
Ne peut pas tout consoler.
 
Et la reine au palais sombre
A peur de s’évanouir
Ne voulant pas éblouir
Les yeux désolés de l’ombre.

(Pleureuses. Fasquelle.)

LA LETTRE

Doucement.

Je t’écris et la lampe écoute.
L’horloge attend à petits coups ;
Je vais fermer les yeux sans doute
Et je vais m’endormir de nous…