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le débutant

ches et le bateau de Laprairie revenant vers la ville, tachant la limpidité du ciel d’une longue colonne de fumée noire.

Un arrêt de quelques minutes à Saint-Lambert, puis le train s’élança en pleine campagne. Partout de la verdure, des arbres feuillus, et çà et là, comme des grains de sel semés sur un tapis vert, de blanches maisonnettes, demeures paisibles et rustiques de l’homme des champs. Des troupeaux de vaches laitières, des juments avec leurs poulains relevaient la tête au passage bruyant de la locomotive vomissant de la fumée et des charbons en feu. Paul rêvait maintenant de la vie au grand air, des joies saines du robuste paysan. Pourquoi n’était-il pas resté à Mamelmont, cherchant dans les rudes travaux de la terre, la paix et l’oubli ?

Mais le train filait, toujours et, après avoir passé Brosseau et Lacadie, on arriva à Saint-Jean. Un arrêt de cinq minutes. Il eut envie de descendre, mais il n’en fit rien, redoutant une défaillance de sa volonté, sous le coup d’une émotion qu’il avait peine à contenir. Devant la gare, des officiers de cavalerie mêlaient, dans le soir tombant, le rouge de leurs uniformes aux

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