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le débutant

Dès neuf heures, les passants traversant le square Dominion, sous la neige qui commençait à tomber, furent éblouis par les guirlandes de lampes électriques embrasant la façade de l’hôtel Windsor, projetant son rayonnement jusque sur le dôme de la cathédrale, imitation de Saint-Pierre de Rome. Les gens du peuple, d’origine anglaise, se disaient que ce pouvait bien être le roi d’Angleterre, arrivé incognito, afin de surprendre ses fidèles sujets du Canada ; ceux d’origine française et catholique parlaient du Pape persécuté venant demander asile et protection aux Canadiens.

Vers les neuf heures et demie, les invités commencèrent à arriver. Une escouade de police, en grand uniforme, faisait le service d’ordre. Il y eut bientôt encombrement d’équipages et les policemen durent se multiplier pour faire avancer chaque voiture à son tour, devant l’entrée principale de l’hôtel. Ce défilé dura près de deux heures. Dans le hall, un immense vestiaire avait été installé et toute une armée de laquais était à la disposition des hôtes du millionnaire. L’immense et somptueuse salle, dite des banquets, ornée de gerbes de fleurs naturelles embaumant l’atmosphère, de plantes exotiques, de faisceaux de drapeaux où le tricolore fraternisait avec l’Union Jack et le Stars and Stripes, avait été convertie en salle de bal. Le buffet, abondamment pourvu de mets les plus exquis et de fine champagne, de punch et de sorbets, occupait tout un pan de mur, près de la galerie des dames. Les salons du premier étage étaient également à la disposition des invités.

À l’entrée de la grande salle se tenaient la belle Flora et Uncle Jack, recevant leurs invités. Si les hommes étaient éblouis par la beauté sculpturale de la superbe américaine, coiffée d’un diadème de pierres

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