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le débutant

dre à l’hôtel Windsor, lorsqu’on frappa à sa porte. Croyant qu’il s’agissait de la visite d’un ami importun, il alla ouvrir avec très peu d’empressement, et ce fut une femme qui entra. Cette femme, toute emmitouflée, car il faisait grand froid, il crut la reconnaître sans pouvoir la nommer. Il lui demanda :

— Que désirez-vous, madame ?

Elle lui répondit d’une voix changée, mais qu’il se rappela avoir déjà, entendue :

— Je vous apporte une lettre… La voici.

Il prit l’enveloppe qu’elle avait retirée d’une des poches de son manteau et la décacheta. C’était une lettre de Simone. Elle lui demandait de ne pas aller à ce bal, au nom de leur ancien amour. Elle savait bien qu’elle n’était plus rien pour lui, que leur bonheur était brisé, mais elle regrettait la scène de l’autre jour, elle voulait lui en demander pardon avant la séparation définitive. Elle l’attendait. Il hésita un instant. Son cœur lui disait de renoncer à cette fête, de répondre immédiatement à l’appel de cette femme qu’il avait tant aimée et qu’il était peut-être encore temps d’arracher à la détresse morale dans laquelle elle se débattait. Mais son orgueil d’homme blessé dans sa dignité et ses sentiments les plus chers lui parla un autre langage. Il se dit aussi que s’il pardonnait trop vite, Simone attacherait moins de prix à ce pardon, que le remède ne serait pas assez énergique pour la guérir, qu’après l’avoir reconquise, il la perdrait de nouveau. Et puis, pouvait-il maintenant se dérober, ne pas paraître à ce bal ? Ce serait faire injure à son meilleur ami, et à Flora qui s’était toujours montrée très aimable pour lui. Il répondit donc à madame Laperle qu’il ne pouvait se rendre à son désir sans manquer aux règles les plus élémentaires de la courtoisie, sans trahir l’amitié. Il lui dit en

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