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le débutant

hommes publics et les journaux qui tentaient de propager les idées néfastes, par trop répandues dans la vieille Europe. Ils citèrent à ces jeunes têtes chaudes, comme modèles de vertu et de piété, ces Rois Soleils qui furent les contemporains de nos ancêtres, pour leur représenter ensuite les détenteurs d’une autorité usurpée aux Bourbons, sous les aspects les plus repoussants : ce n’étaient que des renégats, des impies dédaignant les glorieuses traditions de la France monarchique et reniant la foi de leurs pères. L’abbé prédit à son auditoire, délirant d’enthousiasme, que le châtiment du ciel n’allait pas tarder à s’appesantir sur tous ces réformateurs diaboliques. Le notaire Pardevant annonça un tremblement de terre, des inondations pour punir les prévaricateurs, et même une affreuse famine, semblable à celle qui força les habitants de Mésopotamie, d’aller acheter du blé en Égypte, où la pudeur du vertueux Joseph fut soumise à une bien dure épreuve. Mais, ce fut Pierre Ledoux qui remporta le plus gros succès. Il conseilla à ses jeunes amis d’organiser des protestations publiques contre Le Flambeau et son directeur, qui avait eu l’audace, non seulement d’écrire, mais de publier un article constituant une sanglante injure pour notre foi et nos traditions. De toutes parts, dans la salle, on cria : « À bas Vaillant ! À bas Le Flambeau ! Vive La Fleur de Lys.

Quand l’hiver canadien commence à la Sainte-Catherine, par une première bordée de neige, la fête est complète. Ce jour-là, depuis le matin, la neige n’avait cessé de tomber et Jacques Vaillant, accompagné de sa jeune femme, suivis de Paul Mirot et de madame Laperle, vers les quatre heures de l’après-midi, se promenaient joyeusement dans cette blancheur qui tombait du ciel en flocons pressés et les enveloppait en

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