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le débutant

accompagnés de citoyens notables et de journalistes, à la recherche de quelque trésor digne d’enrichir leur modeste musée de ferraille. Paul Mirot amena madame Laperle, et Jacques Vaillant accompagna mademoiselle Franjeu et Miss Marshall. L’américaine était enchantée du voyage et, pour la taquiner, son grand admirateur lui demanda :

— Vous n’avez pas peur des sauvages, charmante Miss ?

Miss Marshall, ne saisissant pas l’allusion, que toute jeune fille canadienne eut comprise pour avoir entendu dire dans sa famille que les sauvages avaient apporté un enfant à sa mère ou à sa voisine, répondit :

— Oh ! no. J’ai vu le nègre qui voulait prendre mon amie.

Et elle raconta à ses compagnons, avec une simplicité étonnante, l’histoire du nègre qui voulait prendre son amie. La chose était arrivée quelques mois avant son départ de Los Angeles, pour New-York. Les deux jeunes filles se baignaient dans un ruisseau lorsqu’un nègre, venu du Texas, d’où il s’était enfui après avoir fait subir les derniers outrages à la femme d’un shérif, les surprit. Il les attendait, caché sous les palmiers où elles avaient déposé leurs vêtements. C’est là qu’il saisit son amie, comme une proie, et essaya de l’entraîner sous bois. Alors, la vaillante Flora, ramassant une pierre, la lança de toutes ses forces sur la tempe de l’immonde ravisseur, qui roula dans l’herbe, assommé. Pour cet exploit, la courageuse jeune fille fut décorée d’une médaille d’or, par le maire Flannigan.

Jacques Vaillant pensa qu’une femme de cette trempe ne pourrait aimer qu’un brave et il souhaita de trouver l’occasion d’accomplir, pour ses beaux yeux, une action chevaleresque. Cette occasion se présenta

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