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réductible, mais qui ne se laisse point précipiter par les alkalis. —

Après quelques tentatives infructueuses, je parvins à isoler cette substance.

Voici les caractères que j’y ai découverts jusqu’ici. — Sa couleur, vue en masse, est grise avec un éclat métallique très fort. Sa cassure vitreuse comme celle du soufre ; ou comme celle des Fahlerze dont elle possède la couleur, mais elle a bien plus d’éclat. Sa pesanteur spéc. 4,6 environ. Il est dur et très friable, à peu près comme le soufre. Il donne une poudre rouge, qui par-ci par-là prend une politure métallique, comme celle des autres métaux cassants. À la température de l’eau bouillante il se ramollit, et à une température un peu plus élevée il entre en fusion. Pendant son refroidissement, il conserve le même degré de fluidité que le soufre ou la cire d’Espagne, de manière qu’on peut le déformer entre les doigts ; dans cet état il se laisse étendre en forme de fils minces, doués d’un vif éclat métallique, mais qui, entre l’œil de l’observateur et la lumière, sont entièrement transparents, laissant entrevoir une couleur rouge, très foncée. À une température un peu plus élevée, le corps bout et distille en gouttes métalliques et opaques ; pendant la sublimation le globe de la cornue est rempli d’un gaz jaune dont la couleur est cependant moins foncée que celle [du] soufre gazéiforme. Si on le distille dans une cornue à col large, il se sublime en forme de fleurs de la plus belle couleur de carmine, fleurs qui cependant ne sont point oxydées et dont on obtient la même masse métallique éclatante et grisâtre par la simple fusion. — Si on le sublime dans l’air sans qu’il puisse prendre feu, il s’évapore en forme d’une fumée rouge, qui n’a aucune odeur particulière. Si, au contraire, on y dirige la flamme d’une chandelle, ou si on y souffle avec le chalumeau, il colore la flamme d’une belle couleur bleu d’azur, en répandant une odeur de raifort (Raphanus sativus) si forte que d’un grain évaporée de cette manière suffirait à empester l’air d’un grand appartement. Klaproth a dit que le tellure répand cette même odeur.

Berzelius.
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