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32. Berzelius à Berthollet.84
[9 février 1818.]

Je vous dois bien des remercîments, M. le Comte, de votre obligeante lettre du [21] juillet 1817. J’ai retardé la réponse pour avoir à vous communiquer quelques résultats des recherches faites ici en Suède dans notre science favorite. Pour cette fois j’en ai de bien intéressants à vous mander, c’est à dire la découverte d’une substance métallique, dont l’oxyde est un nouvel alkali fixe, et celle d’une substance métallique nouvelle acidifiable, plus analogue au soufre qu’à tout autre corps.

Le nouvel alkali a été découvert par M. Arfvedson, jeune chimiste très habile qui depuis un an travaille dans mon laboratoire. Il a trouvé cet alkali dans une pierre déjà découverte par M. d’Andrada85 dans la mine d’Utö et nommée par lui pétalite. Cette pierre consiste, en négligeant les fractions, de 80 p. c. de silice, 17 p. c. d’alumine et 3 p. c. du nouvel alkali. Pour en retirer ce dernier, on se sert de la méthode ordinaire de brûler la pierre en poudre avec du carbonate de baryte, et d’en séparer toutes les terres. — Voici les principaux caractères de cet alkali : la plupart de ses combinaisons avec les acides sont très fusibles, le sulfate et le muriate se liquéfient longtemps avant d’être portés à une chaleur rouge. Le carbonate entre en fusion lorsqu’il commence à devenir rouge, et, dans cet état, il attaque le platine, presque aussi fortement qu’un nitrate d’un autre alkali.

Le sulfate se cristallise assez aisément ; les cristaux ne contiennent point d’eau de combinaison. Leur dissolution ne se précipite ni par le muriate de platine ni par l’acide tartreux. Le muriate est extrêmement déliquescent et surpasse en cette qualité peut-être même le muriate de chaux.

Le nitrate cristallise en rhomboèdres, mais attire l’humidité avidement. Le carbonate est difficilement soluble dans l’eau. Par l’évaporation, on l’obtient cristallisé en prismes, mais ordinairement très petits.