Page:Bertrand - Les Fondateurs de l astronomie moderne, 1865.djvu/207

Cette page a été validée par deux contributeurs.
171
ET SES TRAVAUX

et si agitée où Descartes, poursuivant le même but, devait bientôt se perdre sans retour ; mais, dans l’ardent et sincère élan de son âme vers la vérité, la curiosité de Képler l’agite et l’entraîne sans que l’orgueil l’aveugle jamais ; ne regardant comme certain que ce qui était démontré, il était toujours prêt à réformer ses jugements en sacrifiant les plus chères inventions de son esprit, aussitôt qu’un laborieux et sévère examen refusait de les confirmer : mais quelles sublimes émotions, quels accents d’enthousiasme et de joyeuse ivresse, lorsque le succès justifie ses témérités, et qu’après tant d’efforts il atteint enfin le but ! Le noble orgueil qui élève et enfle parfois son langage n’a rien de commun avec la vaniteuse satisfaction d’un inventeur vulgaire. Superbe et audacieux quand il cherche, Képler redevient modeste et simple dès qu’il a trouvé, et, dans la joie de son triomphe, c’est Dieu seul qu’il en glorifie. Son urne, aussi grande qu’elle était haute, fut sans ambition comme sans vanité ; il ne désira ni les