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ET SES TRAVAUX

de notre système, rattache les grands axes des orbites planétaires à la durée des révolutions : rien de plus inattendu que cette vive lumière qui semble s’élancer du chaos. Le lecteur étonné se demande comment ces règles précises et ces proportions mathématiques apparaissent tout à coup dans un monde où Képler semblait entrer en rêvant ; comment tant de clarté subite après des obscurités si profondes ? comment cette pure mélodie après les harmonies douteuses qui précèdent ? Nul aujourd’hui ne saurait le dire. Képler énonce sa loi, la vérifie sans songer à faire connaître comme d’habitude l’histoire de ses idées ; puis, charmé par la pleine et entière possession de l’un des secrets les plus longtemps et les plus ardemment désirés, la joie le pénètre avec trop d’abondance pour qu’il se contente des expressions humaines ; toutes les puissances de son âme éclatent en actions de grâces, et le pieux Képler, empruntant les paroles majestueuses de l’Écriture, s’écrie avec le Psalmiste : « La sagesse du Seigneur est infinie, ainsi que sa