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KÉPLER

sans relâche. Mais une dernière affliction lui était réservée : il perdit une fille âgée de dix-sept ans. Se raidissant alors contre la douleur, et se réfugiant dans ces régions sereines où les chagrins de la terre n’ont pas d’accès, il rejeta le poids importun des travaux obligatoires ou lucratifs pour absorber toutes ses pensées dans la composition d’un ouvrage qui lui a, dit-il, causé plus de plaisir que la lecture n’en fera à tous les lecteurs réunis. C’est que ces espaces infinis qui nous enferment, et dont le silence éternel effrayait la raison sceptique de Pascal, charmaient par l’harmonieuse diversité des mouvements qui s’y accomplissent l’imagination mystique de Képler, et comme il croyait depuis longtemps entendre au fond de son âme le chœur permanent des voix mystérieuses de la nature, il essaya de le noter dans l’étrange ouvrage intitulé Harmonices mundi libri quinque les cinq livres de l’Harmonie du monde.

Képler étudia d’abord géométriquement plusieurs figures régulières, et les aperçus analytiques