Page:Bertrand - Les Fondateurs de l astronomie moderne, 1865.djvu/186

Cette page a été validée par deux contributeurs.
150
KÉPLER

qu’il la gouverne, et, sans aller jusqu’à lui accorder le raisonnement, il lui prête une âme qui, instruite du chemin qu’elle doit suivre pour conserver l’ordre éternel de l’univers, l’y dirige continuellement et l’y maintient sans relâche avec une immortelle puissance et une inépuisable vigueur. Mais comment comprendre, dans cette hypothèse, qu’elle parvienne à reconnaître sa route ? L’expression de sa vitesse renferme, quoi qu’on fasse, des sinus et, en admettant à la rigueur, ce qui déjà semble difficile, que cette âme ait le sentiment des angles, par quelle mystérieuse opération pourrait-elle, demande-t-il, calculer leurs sinus ? Revenant enfin à l’idée d’une attraction magnétique, il redoute un conflit entre la puissance magnétique et la puissance animale, qui cependant doit prévaloir. Ces rêveries confuses, dans lesquelles s’embarrasse le génie de Képler, font songer involontairement aux paroles que nous avons citées : Torquebar pene ad insaniam ; elles n’ajoutent rien à sa gloire ; peu importe que, partagé