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LA MORT D’UN SOLDAT

de cette gerbe de balles, ne s’y était point opposé. Les hommes s’en donnaient à cœur joie. Du reste, c’était bien un aéroplane ennemi. On distinguait à présent sa queue de poisson. Il lâcha une fusée dont la fumée flotta dans l’air. Quelques secondes après, des sifflements passèrent sur le village. Les hommes se mirent à rire. Ils reconnaissaient cette vieille musique.

— L’avion nous a repérés, fit le capitaine. Les obus pleuvent sur la crête, derrière la section de Fabre.

Il partit pour se rendre compte.

Les chasseurs continuaient à user leurs cartouches contre l’aéroplane qui, sa besogne terminée, s’enfuyait à tire-d’ailes vers l’aurore.

Les shrapnells allemands tombaient sans répit. Mais le tir était beaucoup trop long : ils éclataient cent mètres trop haut. La fumée des explosions, dans laquelle se jouaient les rayons du soleil levant, formait dans l’air limpide six nuages couleur d’orange, de pourpre et d’or.

Une heure passa. Le bombardement inoffensif continuait. Les hommes étaient bien tranquilles.