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L’APPEL DU SOL

lune. Aucun bruit. Pas d’ennemi. Avec une inconscience étonnante les rares habitants dorment. La plupart des maisons sont vides depuis trois jours. Le bétail, oublié, mugit.

Le capitaine Nicolaï a fait établir une barricade à la sortie du pont. Toute attaque sérieuse ne peut se produire que par là. Une charrue renversée, une porte, quelques volets, des poutres, des chaises, des sacs de blé trouvés à côté dans un grenier. Le lieutenant Serre tiendra le pont.

Quant à Lucien, il est sorti du village avec ses hommes. La crête qui domine, à droite, doit être défendue. Elle descend en pente douce, plantée de jeunes sapins minuscules, jusqu’au ruisseau ; elle commande plusieurs gués. Le reste du bataillon occupe les hauteurs qui suivent.

Les premières lueurs du jour firent briller la rivière et vibrer la brume, qui traînait sur l’eau jusqu’aux roseaux des berges.

Une sentinelle, qui guettait de l’autre côté du pont, cria :

— Aux armes !

L’homme était possédé par la terreur. Il se précipita vers Serre :