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L’APPEL DU SOL

Mais le convoi passait toujours, n’en finissait point. Les chasseurs s’étaient assis le long du fossé. Fabre et Serre se portèrent à hauteur du capitaine qui se tenait à côté du chef de bataillon.

Tous ces véhicules reviennent de la ligne de feu. Leur allure est singulièrement hâtive. Les chevaux peinent. Ce sont des fourgons de munitions, des voitures de vivres, des fourragères. Elles se suivent, interminablement. Les conducteurs dorment sur les sièges, cachés sous des toiles de tente ou des sacs.

— Le convoi n’en finit pas. On ne peut pourtant pas l’arrêter, déclare le commandant.

Un caisson arrive, traîné par un seul cheval. Les trois artilleurs ont des pansements.

— Vous êtes blessés ? fait Nicolaï.

Mais ils ne répondent pas. Ils n’ont pas compris. Ils se laissent bercer par les cahots, presque sans connaissance.

Et maintenant il y a des blessés sur chaque voiture. Une fourragère en porte six étendus, à demi morts. Des chariots réquisitionnés : les bâches vertes, décolorées, ruissellent. Des voitures de livraison : on lit les enseignes : « Au