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LA RETRAITE

réserve pour moi. Je les ai distribués aux hommes pour qu’ils les sucent. Il n’est pas de meilleur aliment. Mais ils n’en profitent point. Ils rient.

Il ajouta :

— Que faisons-nous ?

— Nous marchons, répondit l’officier. Vous le voyez. Je n’en sais pas davantage.

— C’est ce qui me coupe bras et jambes, affirma le sergent qui trottait à côté de Fabre. Je n’ai point de ressort quand je ne connais pas le but.

— Mais, personne ne le connaît, Vaissette, fit le jeune homme.

Vaissette était sceptique. Cela le dépassait. Il croyait encore que si son chef ne lui disait rien c’était par défiance. Celui-ci insista :

— Je ne sais rien !

— Et le capitaine ? demanda l’entêté sergent.

— Lui non plus, affirma l’officier.

— Et le commandant ?

— Je ne pense pas.

— Et le général, fit brusquement le sous-officier ?