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L’ASSAUT

brouillard. Reverraient-ils encore des maisons ? Leur marche était une marche à la mort.

L’étape était longue. Enfin, on obliqua dans un champ. Un sergent d’infanterie et deux hommes attendaient là, pour servir de guides à travers le réseau des tranchées jusqu’aux positions d’attaque. On pénétra dans le premier boyau ; on avait brusquement la sensation de descendre dans sa tombe ; on ne participait déjà plus aux choses du monde ; on venait de franchir le seuil du néant.

— C’est là ! montra le sergent au bout d’une demi-heure de marche.

Un à un, les hommes débouchaient dans le fossé boueux.

— Je vous remercie, dit Fabre.

Les fantassins qu’on relevait s’en allaient en silence. Les officiers se passaient les consignes. Vaissette reconnaissait le secteur : cent mètres de long. À côté, celui du capitaine de Quéré. Il plaçait lui-même les sentinelles et les guetteurs.

Les deux artilleries tonnaient. Elles échangeaient leurs projectiles avec une régularité d’un rythme large. On eût dit qu’elles respiraient.