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L’APPEL DU SOL

grâce-là est son miracle en faveur de la terre française.

— Je ne crois pas, reprit Vaissette, à l’action divine dans l’histoire humaine. Le surnaturel n’existe pas pour moi. Je crois pourtant à un miracle des destins, à une grâce permanente que possède le sol. Je veux dire que ce qui nous semble miraculeux comme ces victoires de Denain ou de Valmy, par lesquelles fut sauvée la France, est au fond un phénomène normal, dont nous n’avons pas vu la raison. Cette raison c’est la volonté du sol de rester Français.

Il poursuivit :

— J’accepte sans surprise, ainsi qu’un stoïcien, tout ce qui arrive, et qui est permis par les destins. Ils veulent qu’il y ait des patries. Ils ont fait surgir des entrailles de notre terre, un jour le génie de Molière, un jour la colonnade du Louvre, un jour la foi de la bergère lorraine, un jour l’obscure soumission de nos hommes qui veulent bien mourir. La patrie se défend. Son instinct lui fait produire, suivant la nécessité, une génération de penseurs ou de soldats. Un miracle permanent s’accomplit,