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L’ENNUI DANS LA TRANCHÉE

tact de l’ennemi, qu’à répondre, fusil en main, à une fusillade ou à arrêter une offensive.

Que faisaient les Allemands ? Vaissette passait par des transes terribles. Il y avait bien, quelques mètres en avant, les tirailleurs de la troisième. Mais ils pouvaient être bousculés ; et les Prussiens seraient sur lui avant qu’il ait eu le temps de souffler. Il essayait de deviner la nuit. Elle gardait tout son mystère et l’on n’y voyait pas à deux mètres devant soi. Par moments, il faisait quelques pas en avant jusqu’aux tirailleurs. Rien ne bougeait. Il aurait voulu aller jusqu’à la ligne allemande, pour se rendre compte : mais il eût été fusillé par les nôtres, en revenant. Puis il retournait auprès de ses hommes qui creusaient la terre. Les uns s’étaient hâtés, gardant leur vareuse, leur fusil sur l’épaule, de faire un trou afin d’être à l’abri. Les autres, aussi poltrons, n’avaient pas avancé car ils étaient restés couchés sur le sol. Il aurait fallu être partout en même temps. Il fallait surtout avoir la patience d’attendre, de laisser s’écouler la nuit, tandis que s’accomplissait le travail.

Vaissette prit un parti. Il se coucha sur le