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L’ENNUI DANS LA TRANCHÉE

bataillon et surtout ses cadres en vue de l’attaque générale, qu’on annonçait pour le retour du printemps. De Quéré venait de recevoir à sa compagnie un officier, le sous-lieutenant Richard. Serre, qui était revenu et avait commandé la quatrième pendant l’hiver, avait reçu le commandement d’un bataillon. Vaissette était seul à la compagnie : on la donnerait, sans aucun doute, à Lucien dès son retour. Ils achèveraient ainsi ensemble la campagne commencée en Lorraine.

— Il ne manquera que Nicolaï, dit-il. En revanche nous aurons de Quéré.

Le soir tombait sur les immenses plaines de Flandre. C’était un soir magnifique et doux, la fin souriante d’une journée de printemps. Le crépuscule s’attardait encore parmi les herbes aussi hautes que les réseaux de fil de fer ; leur vert tendre et coloré se parait de fleurs champêtres et surtout de coquelicots. On eût dit des taches de sang sur le tapis de gazon.

La nuit vint et sa tiédeur. C’était une détente du sol et des âmes. Une paix immense et nostalgique se déroulait sur le paysage. Il semblait irréel que ce fût la guerre.