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LE BAPTÊME DU FEU

d’entre eux venait d’être tué à l’ennemi.

Le sous-lieutenant Fabre et le lieutenant Serre, quittant leurs hommes, s’étaient précipités vers leur chef.

— Vous n’avez rien, au moins, mon capitaine ? demanda Serre.

Le sergent Vaissette aussi, sans qu’on sût pourquoi ni comment, était là. Il était fortement impressionné. De sa main fine et sale il brossait la vareuse du capitaine ; il mettait dans son geste une tendresse émue et protectrice. Fabre regardait le cadavre du petit fourrier, enfoncé dans le sol. Vaissette eut enfin la vision du tombeau béant. Il pâlit. Machinalement, il tira sa montre.

— Il est six heures et quart, fit-il.

On ne l’écoutait point.

Nicolaï avait tiré son épée du fourreau. Largement, il salua la dépouille couverte de boue, puis, élevant l’arme, il commanda :

— En avant !

Les sections de nouveau s’ébranlèrent. Déjà, les hommes s’étaient calmés. En passant devant le trou de l’obus, ils tendaient la tête, pour tâcher de voir au fond.