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L’APPEL DU SOL

Marguerite Courtois avait quitté Paris, comme tout le monde, aux derniers jours du mois d’août. Qu’avait-elle à faire dans la capitale où elle ne serait, en cas de siège, qu’une bouche inutile à nourrir ? Et, un beau matin, elle avait débarqué à Meillanne, où les Courtois venaient d’hériter de quelques terres et d’une petite maison.

Elle ne connaissait point la Provence. Tout de suite elle fut ravie. On n’aurait su inventer de lumière et de paysage mieux appropriés à sa grâce robuste et à sa jeune maturité. Marguerite Courtois avait une taille qui laissait deviner à la fois la souplesse des reins et l’heureuse beauté d’un ventre classique et d’une croupe charnue. Les fines chevilles n’empêchaient point la promesse de jambes agiles et fortes. Elle avait un cou délicat, que prolongeait une gorge divinement blanche : mais cette blancheur immaculée et cette peau de jeune fille s’épanouissaient en des seins d’une aimable richesse et qu’on pressentait mûrs comme les pêches du verger. Une bouche petite avec des lèvres très rouges, toujours humides, des yeux marrons ou gris, selon la saison ou