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L’APPEL DU SOL

pouvait plus avancer. Nos obus déferlaient encore. On restait étendu sur le sol remué comme par un tremblement de terre. Il y eut quelques minutes d’attente. L’obscurité blanchissait.

Vaissette souleva le buste et cria pour être entendu de ceux qui l’entouraient :

— Vous allez venger le lieutenant Fabre et le capitaine Nicolaï. Faites passer.

Les hommes répétèrent, comme s’il s’agissait d’un ordre.

— Je suis là ! cria Girard.

C’était l’ordonnance de Lucien. On ne savait comment il se trouvait avec la compagnie, mais il était à son poste.

On distinguait à présent les camarades les plus proches. Puis, il sembla que les ténèbres avaient disparu, qu’il ne restait plus que du brouillard. Le jour se levait.

— Voici l’aurore, dit le capitaine de Quéré.

Il avait prononcé ces mots d’une voix mystique.

Brusquement la canonnade cessa. Au fond du ravin, le commandant faisait sonner un air de chasse sur un cor. C’était le signal.