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— Et alors ? dit Angielli. On n’est pas ici pour s’amuser.

Il réfléchit puis il affirma :

— C’est sérieux.

— Oui, c’est sérieux, répéta Servajac.

— C’est égal, affirma Pluchard, je ne croyais pas qu’on se battrait si souvent.

Et c’était bien l’impression de tous les hommes. Ils savaient depuis un mois que la guerre était une chose pénible et triste. Ils ne savaient pas encore qu’elle fût si fatigante et si longue. Leur cerveau ne concevait pas, heureusement, l’idée d’infini, de durée. Ils ne se représentaient pas le temps qu’ils auraient à passer sous les armes, le fil des jours de servitude apportant chacun sa peine et son lot de dangers. Mais ils ressentaient la fréquence des attaques, la répétition des assauts avec leurs périls. Ils n’avaient ni plainte, ni révolte. Mais ils éprouvaient une immense fatigue du corps et de l’esprit.

— Cette fois-ci, les artilleurs nous facilitent le travail, fit le caporal Gros.

En effet, régulièrement, de minute en minute, passait un vol d’obus qui éclataient là-