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plaindre ! Nous ne donnerons l’assaut que quand nos obus nous précéderont pour démolir le réseau. Ce sera sans doute pour demain matin, à l’aube… Avez-vous du pain ?

Vaissette n’en avait pas. Mais il lui restait dans son sac une boîte de sardines. Quéré avait encore du chocolat. La nuit tombait. Ils dînèrent : du poisson huileux, des tablettes sucrées et pas de pain. Par moment, des blessés criaient.

— L’obscurité m’inquiète, déclara le lieutenant. Je vais rejoindre mes hommes.

— Passez une bonne nuit, répondit le capitaine. Demain sera le grand jour. Je remercie Dieu de m’avoir conservé vivant pour le voir.

Vaissette n’était pas en humeur de bavarder. Ce qu’il sentait en lui, ce n’était pas l’espérance, mais une volonté de lutter jusqu’à la mort, une élévation hautaine de sa conscience qui lui donnait la soif du sacrifice total.

Les chasseurs n’avaient pas fait grand travail. Ils avaient remué peu de terre.

— Nous ne sommes pas, dit Vaissette, un peuple de terrassiers.

Il se représenta les camps romains, leurs