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s’amoncelaient lentement. Les artilleries continuaient à tonner. Avec leurs courtes pelles, leurs bêches, les hommes se mirent à l’ouvrage. Ils secouaient ainsi leur abattement. Ils renaissaient à la vie : ils sentaient qu’ils avaient faim.

— Ce n’est rien de mourir, dit Angielli. Mais c’est dur de ne pas manger.

— Et les camarades qui y sont restés, est-ce qu’ils mangent ? demanda le caporal Gros.

— C’est malheureux que tu sois si bête, fit Angielli. Je disais cela histoire de blaguer. Et voilà que tu parles des morts. Laisse-les où ils sont et attends ton tour.

Un agent de liaison apporta un ordre du commandant : il fallait se cramponner au terrain, repousser coûte que coûte toute attaque ; plus tard, on prendrait l’initiative d’un nouvel assaut.

« De Quéré avait raison », pensa Vaissette.

Il alla retrouver le capitaine qui, lui aussi, aménageait ses positions. Celui-ci s’était rendu auprès du chef de bataillon.

— Eh bien, qu’est-ce que vous dites de tout cela ? demandait de Quéré. Je suis allé me