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L’APPEL DU SOL

n’est pas de songer aux blessés ou aux morts. Il faut vaincre.

Vaissette regarda le capitaine. Il se demanda si celui-ci n’était pas fou.

— Vaincre ? dit-il seulement.

— Eh bien, vous n’allez pas vous imaginer que la bataille est finie ? déclara de Quéré. Nous sommes encore vivants, ce me semble. Ce n’est pas un reproche à votre bravoure : c’est un simple rappel à notre devoir.

Mais Vaissette n’en croyait pas ses oreilles. Il demeurait stupide et ne savait que répondre. Eh quoi ? La compagnie décimée, les plaintes des mourants venant encore à eux, l’échec de l’attaque, les bataillons massacrés, la blessure de son ami, l’horreur de cette journée d’enfer, tout cela ne suffisait pas… Le capitaine poursuivit :

— Dépêchons-nous. Vous gardez le commandement de la quatrième compagnie. Nous avons une rude chance que les Prussiens n’aient pas tenté de contre-attaquer : ils nous balayaient. Reformez vos sections comme vous le pourrez. Le soleil est encore haut ; il est à peine quatre heures du soir ; peut-être donnerons-nous