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LA BATAILLE CONTINUE

— J’espère que non, fit Lucien.

— Moi, je n’ai rien, reprit Vaissette.

Il se sentait gêné de sortir indemne de la tourmente. Il croyait avoir besoin de se justifier.

— Je suis pourtant, dit-il, resté jusqu’au bout en tête de la section. Le capitaine de Quéré lui non plus n’est pas touché. D’Aubres est tué.

De Quéré arrivait. Vaissette et l’ordonnance avaient déchiré la vareuse de Fabre et la chemise. Les chairs étaient bleuâtres, meurtries et sanglantes. Le capitaine ordonna au jeune homme de se rendre au poste de secours, l’y fit conduire par Girard.

— Nous irons vous voir plus tard. Ici, il nous faut organiser notre résistance.

Du reste, Lucien se laissait faire docilement. Il voyait trouble. Il n’avait plus qu’une impression vague de ce qu’on lui disait, de ce qui se passait autour de lui. Il partit lentement, soutenu par son ordonnance. Ses hommes le suivaient des yeux, avaient envie de pleurer. Vaissette était bouleversé.

— À l’œuvre, Vaissette ! dit de Quéré. L’heure