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tournoient, puis jonchent le sol ; on dirait les feuilles d’un arbre que saccage une bourrasque d’automne.

Vaissette ne peut pas se relever. Il ne peut pas. Les feux au-dessus de lui développent un rideau de plomb : il serait trop lourd, trop dur à crever.

L’élan de la section est brisé.

De son côté, le lieutenant Lucien Fabre a suivi le mouvement de sa compagnie : il s’agit que l’échelon avance en même temps, que la vague, d’un front continu, se précipite sur la tranchée allemande.

Tous les groupes, qui fourmillent par le glacis, se lèvent, se couchent, bondissent en un rythme émouvant. Le tourbillon de plomb n’arrête pas les tirailleurs qui se portent en avant. L’officier vit le drame de chaque bond avec le soldat qui le tente : il lui semble que sa décision et son enthousiasme le soutiendront. Il est là, s’offrant à l’avalanche, immobile souvent, le corps penché parfois en un effort physique, comme si, par sa poussée, il pouvait hâter l’élan de ses unités.

Le geste de son bras les déploie, les épar-