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L’APPEL DU SOL

pièces allemandes, et tout de suite arrivait une nouvelle rafale. Les maisons du village s’effondraient, des morceaux d’acier et de bois sautaient en l’air, pulvérisés. Nos obus pénétraient dans les positions ennemies comme une faux dans les blés. Les batteries prussiennes s’étaient tues brusquement.

— Ces braves soixante-quinze ! murmura Lucien.

Il s’était dressé.

Profitant du répit, il enlevait sa compagnie, la lançait vers les ravins qui descendaient au ruisseau, lui faisant franchir par surprise tout l’espace découvert. On s’engageait sur le terrain protégé par des mouvements du sol, des fourrés et des pépinières de jeunes poiriers. Pour un moment, on était sauvé.

Mais on ne devait pas rester longtemps dans le ravin. Les premières compagnies d’assaut remontaient le glacis en rampant sous la fusillade continue de l’ennemi. À gauche, de Quéré continuait sa progression. À droite, des fantassins surgissaient d’un petit bois, d’autres d’un village. Plus loin encore, des zouaves débouchaient d’un talus. Cela formait une chaîne