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Le lieutenant Fabre était debout. Sous l’avalanche des shrapnells, des éclats et des balles de plomb, il restait impassible, regardant avec ses jumelles, vers la position ennemie, consultant sa carte, écrivant des notes. Le déplacement d’air provoqué par les obus était tel que son béret s’envola. Il courut après lui, le ramassa par terre, comme si un coup de vent le lui eût enlevé sur le boulevard, le battit contre sa jambe pour faire partir la poussière, et le remit sur son chef. Il avait aperçu de Quéré, arrêté aussi par le tir et lui envoyait des signes d’amitié.

Douze pièces allemandes se trouvaient à mille mètres. Une batterie de canons lourds était à peine plus distante et pas mieux cachée. On voyait les éclairs secs et blancs au départ de chaque coup. Deux fois depuis une heure Fabre les avait signalées à notre artillerie, dans le bois. Vainement. Cette fois encore le commandant lui répondait que ses renseignements étaient trop vagues pour permettre de régler un tir. Alors il s’était levé, repérait la place exacte sur sa carte d’état-major, dessinait un croquis, appelait son ordonnance.